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Estimés entre vingt milles(20000) et trente milles(30000) habitants répartis dans la région frontalière à cheval entre le Sénégal et la Guinée, les bëliyan plus connu sous le nom de Bassari occupent l’actuel département de Salémata dans la région de Kédougou. Dans un cadre générale, ils partagent l’habitat d’un territoire appelé « pays Bassari avec les Bédik, peul, Dialonké, Diakhanké et Malinké. Les Bassari parlent la langue onyan et se répartissent principalement dans sept noms que sont : BANGAR, BIDIAR, BOUBANE, BIANQUINCH, BINDIA, BIES et BONANG.
Par ailleurs l’étude de l’histoire et de l’organisation sociale Bassari revêt d’une grande importance en ce sens que l’histoire ne repose que sur des hypothèses (je me dis que c’est dans ces moments de réflexions que chacun peut apporter une hypothèse pour la constitution d’une histoire générale des Bassari). En ce qui concerne l’organisation sociale, elle trouve son importance dans le fait qu’à travers elle peut se résumer la compréhension de l’organisation politique, économique mais aussi culturelle des Bassari. C’est pourquoi pour apporter un cheminement à notre réflexion, j’ai voulu retenir deux grands axes : l’historique et l’organisation sociale
I-                    HISTORIQUE DU PEUPLE BASSARI
1-Une tradition migratoire liée à l’histoire
Les Bassari sont unanimes quant à l’hypothèse selon laquelle ils viendraient d’ailleurs. Mais d’où et partir de quelle date ces questions n’ont pas encore trouvées de réponses. Dans la tradition orale on peut seulement noter les récits d’une origine lointaine et aussi les causes de leur migration. Ainsi nous relate-t-on que ce sont des événements cataclysmiques (éruption volcanique, éclipse de soleil) qui les auraient obligé à quitter leurs anciens sites d’habitats. Remarquons que la seule éruption volcanique historiquement envisageable est celle du mont Cameroun rapporté par Hérodote  au Vème siècle av. Alors ces cataclysmes sont-ils des événements mythiques, imaginaires ou le souvenir d’événements historiques perpétués par la tradition orale ? Nous ne saurions la trancher. Il faut cependantnoter que pour des chercheurs dont parmi eux Cheikh ANTA DIOP d’aucun pensent qu’ils seraient apparentés aux Bantou d’Afrique Australe alors que pour d’autres, l’histoire des Bassari commence avec l’empire du Mali (ils auraient été des alliés de Soumaoro KANTEcontre Soundiata). Apres la victoire de Soundiata à la bataille de 1235 à Krina, les Bassari à l’image de leur alliés s’enfuir pour échapper à la cruauté du roi du manding. A partir de cette date des négriers français tels Rançon, Delcourt notent l’établissement des Bassari aux alentours du site de l’actuel parc de niokolokoba. C’est dans ces lieux qu’ils connaitront les premières attaques peules avec Koli Tenghéla au XVIème siècle. Cette attaque les obligea à continuer leur migration. La deuxième invasion avec Alpha Yaya les acheminera aux contreforts du FoutaDjallon dans les grottes refuges. Cette attaque est mieux retenue par les Bassari, ils racontent qu’il s’agirait d’une punition divine parce-que les hommes avaient révélé aux femmes les secrets initiatiques. Cette expédition va envahir le pays Bassari repoussant les populations vers les zones refuges. C’est une période bien décrite d’ailleurs par GESSAIN qui nous apprend que le XIXème siècle, l’histoire des Bassari est celle de leur recul territorial et de leur effectif. Les invasions vont se poursuivre tout au long du XIXème siècle sous forme de razzias, guerres  d’embuscades  jusqu’à l’avènement des Français pour voir enfin se lever le soleil de la paix qui marque le début de la sédentarisation.

Les Bedik vivent principalement dans la région de Kédougou . On parle de la culture Bedik et du peuple bedik mais la langue est appelée mënik. Elle est parlée par environ 1500 locuteurs selon la sous-préfecture de Bandafassi.
Leur implantation dans la zone remonte vers la fin du 13ème siècle, début 14ème siècle. Les deux villages bedik les plus anciens sont Ethiowar et Iwol. Cependant, il existait, avant Ethiowar, un autre village du nom d’Ifaafël, habité par les Camara.
Près du massif de Bangomba se situent les villages de Bandata et Cobo, dont les habitants seraient originaires d’Ethiowar. Autour du massif de Bademba, sont localisés d’autres villages bédik tels que Iwol, Ethies haut, Ethies bas, Andiel, ainsi que de récentes créations habitées à l’origine par des bédik venant d’Iwol. Il s’agit de Mangama, Dambukoy, Ninderfeŝa (actuel Ninefescha), Oussounkala, Kurungoto, Madaces et Sinthouroudji à proximité de la Guinée Conakry.
Sur le plan culturel, la culture bédik a beaucoup de ressemblance avec la culture mandingue. Leur patronymie, avec des noms de famille tels que Keita, Camara, Samoura et Kanté, ressemble fort à celle des mandé. L’histoire orale relatée fait référence en effet à la migration de cette ethnie qui viendrait du Mali et se serait installée dans cette zone pour fuir la guerre et l’islamisation. Leurs récits et beaucoup de leurs chansons lors des cérémonies rituelles font référence à Soundjata Keïta (XIIIe siècle) mais surtout à Alpha Yaya et à sa pénétration dans cette zone.
A la découverte du patrimoine bédik
Chez les Bédik, plusieurs fêtes (Maccako ou fête de la récolte, Macaang pour la fin des récoltes, Meréch destinée aux enfants précédant l’initiation) visant à renforcer la cohésion sociale sont annuellement organisées. La plus importante est la Gamond qui se tient au mois de mai, juste avant le début de la saison des pluies. Etalée sur une semaine, elle constitue la période de retrouvailles de toute la diaspora bedik. L’ouverture de cette manifestation est précédée par une semaine de chasse qui mobilise tous les jeunes déjà initiés. Pendant leur absence, les femmes s’évertuent à préparer d’énormes quantités de bières de mil qui seront conservées dans des poteries soigneusement façonnées et décorées. Elles en profitent aussi pour se coiffer avec des motifs qui renvoient aux classes d’âge.
L'art capillaire est encore  autant un signe identitaire qu’un acte esthétique et de séduction chez les femmes bédik. Les tresses signalent ainsi l’appartenance, alors que les formes de décoration des tresses indiquent le statut et l’état social. Une tresse épaisse en forme de cimier part du sommet du crâne et retombe sur la nuque, et de fines nattes retombent sur les tempes et sont ornées en leur bout. Perles colorées, cauris, pierres blanches, postiches, rembourrages, sont judicieusement choisis pour structurer et décorer le cimier. Une ligne de cauris blancs «appelé  mathiambass  en mënik» qui va du front à la nuque ainsi que des clochettes et des pompons rouges, symboles de fécondité chez les femmes Bedik, sont fièrement montés.
La semaine de festivité de la Gamond, qui débute au lendemain de retour des chasseurs, est marquée par un riche répertoire de chants et de danses et une sortie quotidienne de plusieurs masques. Ces derniers, de par la couleur des peintures et des chants, renseignent sur l’appartenance aux différentes familles qui composent cette communauté.