Patrimoine, Tourisme, volonté politique :approche participative en pays bassari

Promouvoir l'Education et la Cullture
 Sauver un patrimoine si riche de l’oubli,
Entretenu par une population très pauvre, la valorisation des cultures Bedik et Bassari, pourrait améliorer considérablement les conditions de vie des ces ethnies. Mon parcours enthousiaste dans différentes activités socio culturelles m’a permis d’entretenir cette volonté d’œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine culturel. En deux mille douze, le classement du « Pays bassari »[i] à la liste du patrimoine mondial motive encore plus les efforts. Ainsi, nous avons mis en place une association des Elèves et des Etudiants qui fondent sa réflexion sur développement, à travers la promotion de la Culture et de l’Education. Ce dernier point peut  sembler sans pertinence en ce XXI siècle, mais faudrait –il encore voir le taux de scolarisation très bas dans cette zone pour être convaincu de la  vocation que nous nous donnons. L’érection au rang de source historique et son positionnement comme instrument de promotion de la diversité des expressions culturelles fait du patrimoine un objet d’étude essentiel pour les sciences humaines. La vocation est donnée aux historiens de travailler sur une histoire global, aux acteurs culturels et à toute la jeunesse, une prise de conscience que le patrimoine culturel et naturel est un facteur incontournable de paix et de développement durable. Et, un outil de renforcement de l’Etat-nation pour un pays mais aussi, levier de développement local et de cohésion social pour les autochtones.
           Controverse d'une richesse aux mains de pauvre
         Les territoires africains, urbains ou ruraux constituent un des noyaux de l’identité culturelle africaine à travers les échanges sociaux, spirituels, culturels et économique qui s’y sont déroulés au fils du temps, et qui ont donné naissances à des créations unique au monde qui s’expriment à travers leurs patrimoines immatériels et matériels. Le Sénégal comme beaucoup d’autres pays a un riche répertoire de biens et de sites classés au patrimoine mondial. En deux mille douze, le pays bassari a été le suivant sur la liste. Ce riche territoire situé au sud-est du Sénégal est un paysage d’une beauté naturel exceptionnel où fleurissent depuis des siècles, des civilisations dignes de toute contemplation. L’inscription du site sur la liste du patrimoine mondial suscite autour du site et de ses valeurs exceptionnelles une prise de conscience et une curiosité inévitable et positive.
          Pourtant ces richesses culturelles sont de plus en plus menacées. Pour les langues Mënik [ii]et Oniyan[iii] qui ne compte que respectivement dix milles et douze milles locuteurs elles pourraient disparaitre dans trois ou quatre générations. Selon l’UNESCO[iv] « 96 % des langues du monde sont parlé par 4 % de la population mondiale (et) plus de 50% des langues du monde sont sérieusement en danger et son susceptible de disparaître dans une à quatre générations »  Sall, (2013). Les causes principales sont les migrations temporaires, l’engloutissement dans les majorités linguistiques et à la modernité. De plus, les ethnies Bedik[v] et Beliyan[vi] sont méconnues de la majorité des sénégalais et souvent confondues à d’autres ethnies, malgré leur manifestations culturelles encore vivaces et originales et leur paysages d’une riche biodiversité.
          D’autres menaces pèsent aussi sur l’environnement. Parmi les plus fréquemment noté on peut citer : l’exploitation abusive des forêts la pratique des feux de brousse le braconnage…Le réchauffement de la planète, le dérèglement climatique et les difficultés récurrentes à l’application du protocole de kyoto, comme le note Bocoum, font aujourd’hui peser une véritable menace sur l’humanité tout entière. (A l’échelle d’un site), la préservation de l’environnement est un aspect fondamental de la sauvegarde du patrimoine parce qu’il est, par définition, transversal et indispensable à la préservation de nombreuses expressions culturelles qui ont besoins d’un environnement spécifique pour leur mise en œuvre, Bocoum (2007).Dans le pays Bassari, culture et nature sont inextricablement liée, donc la survie de l’une dépend incontestablement de celle de l’autre.
          Ce riche héritage culturel commun à toute l’humanité est entretenu par des populations très pauvres. Pour mieux expliciter le degré de pauvreté, nous emprunterons une approche théorique à travers deux tendances : monétaire et non monétaire. La première identifiant les individus en situation de pauvreté sur la base d’une insuffisance dans un indicateur. On peut observer la théorie implicitement sous-jacente à cette approche comme  l’utilitarisme qui est fonction du revenu ou des dépenses en consommation, comme approximation du bien être. La seconde résume les services sociaux de base (accès à l’éducation la santé l’hygiène l’assainissement, l’eau potable, infrastructure de base…). Notons que pour ces ethnies, les revenus sont essentiellement agricoles. L’agriculture occupe près de 70% de la population régionale. Cette situation d’emploi n’est pas, pour cette région, le signe d’une vocation agricole évidente, mais elle correspond à la difficulté de trouver du travail dans d’autres activités. Ce secteur  est encore le plus souvent dominé par l’agriculture traditionnelle « de subsistance » ; celle-ci est constituée d’un petit nombre d’exploitations, de mises en valeur par l’agriculteur et sa famille, et presque exclusivement consacrées aux cultures vivrières dont la plus grande partie est directement consommée par les producteurs. Les échanges sont rares, limités à la partie non consommée de la production, et s’organisent localement. Les villageois  ne trouvent du reste guère d’incitation à  développer leurs cultures vivrières au-delà de leurs besoins  familiaux, faute de débouchés organisés pour leurs productions traditionnelles qui sont peu appréciées par les consommateurs urbains : l’approvisionnement des villes et des universités  en produits vivriers dépendrait encore largement des importations.
           Un second secteur, largement  ouvert au monde extérieur, s’est constitué pour produire les denrées demandées par les consommateurs des pays industrialisés : coton. Essentiellement orienté vers l’exportation, et plus réceptif aux techniques modernes, ce secteur participe au circuit des échanges et n’a pourtant pas encore entraîné la masse des populations rurales. Les résultats de l’enquête de pauvreté menée en 2011 montrent que les régions de Kolda (76%), Kédougou (71%), et Sédhiou (68%) sont les zones où la pauvreté est la plus répandue avec une sévérité de 14,1 à Kédougou. Source : ESPS[vii]–II-I et ESPS-II, ANSD[viii], Dakar, Sénégal.
            Pour les services sociaux de bases, les résultats de l’Etude  montrent que la région de Kédougou a un indice d’accès global de 300/500. Source ANSD/ SRDS Kédougou, Cela signifie qu’il n’y a que 61% de la population qui a accès aux services sociaux de base. Toutefois à l’échelle plus spécifique, il faut noter que parmi les 16 communautés rurales que compte la région, 5 situées dans le département de Salémata (Médina Baffé, Oubadji, Ethiolo, Dakateli Kévoye), sont en situation de pauvreté avec un indice moyen inférieur à 250 ; Bandafassi et Dindefelo sont inclus avec des indices respectifs de 350 et 250. Au niveau national, l’indice d’accès moyen aux cinq principaux services sociaux de base est estimé à 400 en 2009 ; soit un taux d’accessibilité de 79% de la population rurale sénégalaise à ces services  sociaux.
          Face à ce constat, un défi est lancé à la jeunesse, aux historiens et aux acteurs du développement durable mais aussi à l’Etat.
          Pour le Sénégal, la mise en œuvre du programme énoncé dans la « Plan Sénégal Emergent » demeure une réponse favorable aux processus d’émergence. L’une des approches qu’est le « L’acte 3 de la décentralisation » permettrait de mieux tenir compte  des potentialités des territoires locaux et des aspirations des populations à une croissance inclusive à même de contribuer à une lutte efficace contre la pauvreté.
          Dans la région de Kédougou, la valorisation de ces richesses culturelles et patrimoniales, à l’intérieur de la commune qui représente un nouvel espace de cohérence renforcerait la dimension culturelle de celles- ci et apporterait sans aucun doute une amélioration des conditions de vie des populations. Elle serait également une réponse à la nouvelle stratégie de développement qui fait appel à l’introduction de matières culturelles.
          Pourtant, ces ressources culturelles et patrimoniales sont aujourd’hui  confrontées à des défis majeurs liés au développement humain [ix]. En effet, on leur accorde peu d’intérêt, et la valorisation de leur apport dans la lutte contre la pauvreté ne reçoit pas la priorité requise. Ceci est particulièrement du au fait que, parmi celles qui devraient être les plus intéressées à la promotion de leur patrimoine, les populations, les communautés et les autorités locales, bien peu n’y ont guère prêté attention ; à Kédougou seulement trois étudiants y aspirent à ce jour, aux sujets de protection et de valorisation de patrimoine. Il est donc temps de répondre aux attentes émises et au processus irréversible déjà enclenché.
           L’évolution des conceptions de patrimoine montre toutefois que la sauvegarde et la valorisation peuvent bien contribuer au développement et à la lutte contre la pauvreté. La question est non seulement de sauver des sites et des valeurs culturels exceptionnels de la destruction et de l’oubli, mais de démontrer à travers  une gestion et une conservation appropriée, des stratégies et un modèle de développement fondé sur les valeurs de continuités.
           Face au défi planétaire, tels que la croissance démographique, le changement climatique, les inégalités de croissances, et la pauvreté persistante, la conservation et la gestion du patrimoine ne doivent plus être considérées comme un objectif en soi, indépendant du contexte socio-économique, mais plutôt comme des éléments à part entière et des outils essentiels de l’instauration concrète du développement durable sur le plan environnemental social et économique.  Malheureusement de nombreux sites du patrimoine mondial manquent de ressources, d’expériences et de personnel qualifié pour les gérer.
           Afin de réaliser cette vision, il est nécessaire de développer des réponses innovantes par le partage d’expérience, de bonnes pratiques incluant ainsi le renforcement de capacités à tous les niveaux. « En découvrant des cultures et des environnements différents, comme le note Monsieur Francesco Bandarin, en prenant contacts avec d’autres jeunes à travers le monde, nous mettons en pratique les mots de respect mutuel et de tolérance. Le dynamisme, la créativité, la réceptivité sont quelques-uns des traits qui font de nous jeunes, les acteurs les plus précieux de la préservation de notre patrimoine.»
      APPROCHE PARTICIPATIVE
           L’approche participative consiste à penser les diverses voies par lesquelles, le patrimoine peut être un facteur de développement dans ce pays à fort taux de pauvreté _ 46,7% source : ANSD, 2010 et particulièrement dans la région de Kédougou.
1.             Valorisation et protection
            Organisation de festivals, d’ateliers de dialogues interculturels
            Programme de réduction de la vulnérabilité des territoires aux désastres naturels et aux pressions anthropiques
2.             Gestion et conservation
           Tourisme durable : dans l’idéal, il est capable de concilier l’essor économique, la protection naturelle et le bien être des communautés.
            L’écotourisme : en plus de contribuer à la protection du patrimoine naturel et culturel, s’affine en principes :
          Il inclut les communautés locales et indigènes dans la planification,  son développement et son exploitation et contribue à leur bien être.
          Il propose aux visiteurs une interprétation du patrimoine. Il nous amène à considérer trois dimensions qui constituent l’essence même de l’écotourisme : un tourisme axé sur la nature ; un besoin de durabilité ; une composante éducative.




[i] Région montagneuse du Sénégal qui partage la frontière avec la Guinée où vie une population d’environ 100 000 hts avec une variété d’ethnies (peul, Bedik, Bassari…)

[ii] Langue parlée au sud-est du Sénégal par une minorité ethnique d’environ dix milles locuteurs

[iii] Langue parlée au sud-est du Sénégal par une minorité ethnique d’environ douze milles locuteurs

[iv] Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture

[v] Ethnie du Sénégal oriental, habitant principalement l’arrondissement de Bandafassi

[vi] Ethnie du Sénégal oriental et d’une partie de la Guinée, on les retrouvent pour l’essentiel dans le Département de Salémata.

[vii] Enquête de Suivi de la  Pauvreté au Sénégal

[viii]  Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

[ix]  Le développement humain de nos jours en Afrique consiste tout d’abord à résoudre les problèmes liés à la santé l’autosuffisance alimentaire, or en Europe  ce concept fais référence à d’autres préoccupations liées à la globalisation


BIBLIOGRAPHIE
UNESCO, Convention pour la protection du patrimoine culturel et naturel, UNESCO, Paris, 1972

 UNESCO, Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, UNESCO, Paris, 2003

 UNESCO, Convention sur la protection et la diversité des expressions culturelles, UNESCO, Paris, 2005

LOPEZ,  J., Le patrimoine mondial, Unesco / Nouvelles Arche de Noé, 2002
BOCOUM, H., Patrimoine et sources historiques : enjeux et perspective pour l’Afrique in THIOUB I., (Patrimoine et sources et sources historique en Afrique) PP. 85- 92, 2007

BOCOUM, H., et ELOUNDOU, L., 2006 « Pour une stratégie africaine d’exploration des convergences entre les conventions de 1972 et 2003 », in Africa, 2009 chronique № 6 PP. 14 – 15

UNESCO, Patrimoine culturel & développement local, CRATerre-ENSAG/Convention France-UNESCO, 2006

1 commentaires :

Gilbert KANTE a dit…

j'aime parler de culture, voila ce que je suis !!!!