Sur le plan historique, Kédougou : terre des hommes a été le fruit d’un long processus. Son origine controversée, marquée par la prédominance de l’oralité sur les sources écrites. Mais, nous retiendrons que Kédougou a été la terre de prédilection de combats entre la bande des Maciré Bâ et de certaines ethnies trouvées sur place qui seraient sans doute des Tenda ou Bedik. Après un conflit ayant opposé la famille Bâ aux groupes d’Alpha Yaya de la Guinée Conakry, la famille Bâ quitte Kédougou pour se réfugier à Bakel plus précisément à Diawara. Après une courte période de retrait et de réorganisation : la bande de Maciré Bâ revient à Kédougou et bénéficie du soutien de certaines familles à hiérarchie sociale inférieure (société était très castée à l’époque).
Ce retour en force sonne le glas de toute résistance dans la localité car, tous les affrontements se terminaient par la déroute de l’ennemi. Ainsi, de façon officielle Kédougou a été fondée en 1825 par Maciré Bâ. A l’époque coloniale, le gouverneur de l’AOF accordait une importance particulière à la localité qui était érigée en cercle voire en canton sous le vocable de Niokolokoba. Après, l’indépendance du Sénégal en 1960 et avec la division de la province de Niokolokoba, Tambacounda est érigée en région et Kédougou devient un de ses départements. C’est, le 18 mars 2008 que Kédougou est définitivement érigé en région par la loi 2008-14 modifiant celle de 72-02 du 1er février 1972.
Sur le plan climatique et hydrologique, Sougou A (1996) dans son mémoire de maîtrise a ressorti les différentes phases des sécheresses et les étiages fluviaux dans le Sud-Est du Sénégal. Nous retiendrons de son travail que la région de Kédougou a été frappée par des vagues successives de sécheresse qui se sont faits sentir sur les débits du fleuve Gambie et ses quelques affluents. En effet, ces vagues de sécheresse ont entrainé des déficits variant entre 9% et 10% dans la commune et des étiages précoces du fleuve Gambie.
En revanche, Diop Khady (2005) dans son mémoire de maîtrise montre les caractères variés des formes des pluies, enregistrées dans la station de Kédougou. Elle démontre que les intensités et les fréquences des pluies entrainent une érosion hydrique des sols. Par contre, NDiaye L (2000), lui met l’accent sur les conséquences des perturbations climatiques enregistrées du « 18 au 20 août 1999 » au Sénégal dans son mémoire de maîtrise. Du point de vue de NDiaye L, ces perturbations n’ont épargné aucune région du pays et elles ont eu des effets néfastes tant sur la terre qu’en mer. En effet, Kédougou commune a eu à payer de ce lourd tribut mais d’une ampleur inférieure à celle des régions littorales.
Sur le plan géologique, le Sénégal a fait l’objet de nombreuses publications scientifiques. En outre, dans le fascicule I de géologie numéro 9 intitulé « connaissance du Sénégal » (1960), Brigaud Félix a montré que des roches d’âges différents, sont localisées un peu partout dans le pays. Diène Mahamadane dans sa thèse de doctorat de troisième cycle (2012) a étudié le « supergroupe Mako » de la « boutonnière de Kédougou-Kéniéba ». D’après cet auteur, « le supergroupe Mako » est d’âge paléoproterozoïde localisé dans la partie occidentale de la « boutonnière Kédougou-Kéniéba ».
Allant dans le même sens, Sarr Déthié dans sa thèse de doctorat de 2012 a étudié les « propriétés géomécaniques des basaltes en pillow du super groupe Mako et les roches grésopélitiques de Ségou ». Selon Sarr Déthié, le caractère spécifique du domaine de Mako est la présence de laves basaltiques mêlées à des intrusions plutoniques. En effet, ce domaine est marqué par la forte présence de structures cassantes ou « de natures ductiles ». La zone de Ségou, est largement dominée par des roches sédimentaires avec une faible présence de roches gréseuses. Dioh Ehmond quant à lui, a étudié dans sa thèse de doctorat de sciences naturelles (1995) les formations birrimiennes de Kédougou.
Sur le plan géomorphologique, le Sénégal a également fait l’objet de nombreuses études scientifiques. Ainsi, Diaw A T et MBow C (2007) ont montré que le relief du Sénégal est quasi-plat à l’exception du Sud-Est et les plateaux de Thiès. Selon, Diaw A T et MBow C (2007) le Sud-Est enregistre les plus hautes altitudes atteignant les 581m près de la frontière sénégalo-guinéenne. En effet, ces reliefs portent une gamme très variée de sols qui sont retrouvés un peu partout dans la région. Le bureau pédologique du Sénégal dans son livre intitulé : « Direction pour la description des profils de sols » (1992) a mis l’accent sur l’érosion des sols : les causes, les différents types d’érosion, leur appréciation et les conséquences qu’elle engendre souvent. Quant à Seck Ousmane (2001), lui souligne les causes, les manifestations, les conséquences et les stratégies de lutte contre l’érosion dans son mémoire de maitrise. C’est dans le même sillage que NDour Thierno (2001), Diouf Simon (2004) et Thiaw Agnès Daba (2001), consacrent respectivement leurs travaux de recherches sur la dégradation des ressources naturelles et les stratégies de lutte.
Sur le plan pédologique, de nombreuses études ont été faites sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, Charreau CI et Fauck, R publient en 1965 leurs travaux de recherche sur « les sols du Sénégal ». Il en ressort de cette étude, la forte sensibilité des sols sénégalais face à l’érosion. C’est dans ce même contexte que Chauvel A publie en 1967 ses travaux sur la « carte pédologique du Sénégal au 200000ème Kédougou-Kossanto-Kéniéba ». Dans le « bulletin pédologique » de la FAO écrit par Hudson N. W (1990), l’auteur préconise des méthodes de conservation des sols en milieu semi-aride.
Sur le plan sociologique et économique, Kédougou de par sa position carrefour a fait l’objet de nombreuses études scientifiques. C’est dans cette optique, que NDiaye T (1997) dans son mémoire de maîtrise a analysé le mode d’organisation et de gestion du terroir de Bandafassi. De cette étude, il en ressort que la bonne organisation du village de Bandafassi repose d’une part sur les institutions étatiques et d’autre part sur la classe dirigeante de la population locale. Cette dernière, est composée de chefs de village et de notables dont les jeunes sont tenus d’obéir. Par contre, Toupane T R dans son mémoire de maîtrise de 2006 met l’accent sur les politiques de référence dans la bonne gestion des villes transfrontalières particulièrement celle de Kédougou. Selon Toupane T R, Kédougou regorge un ensemble de potentialités lui permettant de jouer dignement un rôle de pôle attractif vu sa position carrefour. En revanche, Bahoum J P D (2005) a souligné l’importance de l’utilisation des Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) dans la région de Tambacounda. Ce qui est captivant dans ce mémoire de maitrise, c’est les problèmes d’accès aux soins que met en évidence l’auteur.
Sur le plan environnemental, le MEPN dans le souci de la protection de l’environnement a élaboré un « programme d’action national de lutte contre la désertification » en 1998. Le Centre de Suivi Ecologique (CSE) publie en 2010 un document intitulé « suivi de la croissance de la végétation ». Bérhaut J dans la deuxième édition de la «Flore du Sénégal » (1967) propose une clé d’identification des espèces végétales rencontrées dans les forêts sénégalaises.
Sur le plan de l’exploitation des ressources naturelles : Camara M B dans son mémoire de maîtrise (2004), met l’accent sur les techniques traditionnelles de capture des oiseaux de cage tout en soulignant les moyens rudimentaires utilisés dans ce domaine. Selon cet auteur, c’est une activité qui se pratique presque toute l’année à l’exception des mois de février et juin. Cette période de repos correspond à la reproduction des oiseaux.
La forte présence des arbres fruitiers fait que la cueillette est une activité très présente dans la région. C’est dans ce sens que, MBengue P a mené des recherches sur l’exploitation du karité (Vitellaria paradoxa) à Saraya dans son mémoire de maîtrise de 2010. Selon MBengue P, c’est une activité dont les acteurs rencontrent beaucoup de difficultés dans sa pratique.
En plus de cela, la transformation du karité comprend un ensemble de processus dont chaque étape est très pénible. Et malheureusement, les produits issus de cette transformation sont confrontés à des méventes liées à la faible demande et à l’enclavement de la localité.
Waly Dioncounda dans son mémoire de maîtrise (2010), a montré l’avantage et les inconvénients de l’exploitation de l’or dans l’arrondissement de Sabodala. A l’issu de cette étude, il se dégage que l’exploitation de l’or de Sabodala profite l’Etat et les populations locales. Cependant, ces avantages riment avec beaucoup d’inconvénients ressentis surtout au niveau de la population locale.
La rareté des ouvrages traitant de l’érosion des sols dans la commune de Kédougou a fait que nous nous sommes focalisés sur les livres traitant de façon globale le thème sur l’érosion des sols et la dégradation des ressources naturelles dans le pays. Parmi, les ouvrages traitant les thèmes sur l’érosion des sols et la dégradation des ressources naturelles, les auteurs se sont juste appesantis sur quelques causes et conséquences.
Au terme de cette synthèse bibliographique, nous avons retenu que ces différents travaux ont été réalisés dans une parfaite symbiose des différentes disciplines scientifiques. En effet, cette interdisciplinarité nous a permis d’acquérir des connaissances détaillées dans l’ensemble des domaines étudiés. Pour contribuer ainsi, à l’étude de l’érosion des sols dans la commune de Kédougou, il nous serait judicieux de faire une étude approfondie des causes de l’érosion des sols et ses conséquences et impacts socio-économiques. Nous essayerons en fin de partie de proposer des solutions permettant de lutter contre ce fléau.
René BOISSY